Il n’y a rien de plus étrange que… le design

On croit souvent que le design est rationnel. Qu’il suffit d’appliquer des règles toutes faites :
le rouge pour la passion, le bleu pour la confiance, une typographie serif pour la tradition, une sans serif pour la modernité.

Ou bien de choisir la voie la plus évidente : un stylo pour un écrivain, une miche de pain pour un boulanger, un œil pour un photographe.
Des raccourcis faciles, rassurants… et creux.

Alors que la vérité est bien plus profonde que ça :

le design est étrange.

Il se glisse dans un espace entre l’art et la stratégie, entre l’intime et le collectif, entre le visible et l’invisible.
Et c’est cet entre-deux qui m’attire particulièrement. Parce que c’est là que naît la poésie !

Derrière chaque création, il y a une émotion qui cherche sa voix. Créer un design ce n’est pas seulement répondre à un besoin pratique - communiquer une information -, c’est traduire l’essence même d’une entité, que celle-ci soit un couple, une famille ou la.les personne.s derrière une entreprise.

Ce qui me fascine dans le design, c’est sa capacité à être tout et son contraire.
Un vrai paradoxe vivant !

  • Utile mais aussi esthétique.

  • Éphémère (une carte reçue, lue, posée) mais aussi pérenne (le souvenir qu’elle laisse).

  • Minimaliste parfois, mais toujours chargé de symboles.

Chaque typographie choisie devient un souffle.
Chaque papier, un fragment de mémoire.
Chaque détail, une porte ouverte sur un imaginaire.

Le design, une langue plurielle

Chacun a sa manière de voir, de ressentir et de traduire le monde. Un projet confié à dix personnes donnera dix visions différentes, c’est obligé. Aucune ne sera identique, et pourtant chacune fera sens. Et c’est là toute la magie du design je trouve !
Ce langage universel et pourtant intime.
Un langage qui ne touche pas tout le monde de la même manière, mais qui restera toujours compréhensible par tous.

L’intime comme moteur de création

Un bon design ne se résume pas aux formes ni aux couleurs. Il est traversé par des intentions, des émotions - en d’autres termes, par ce qui échappe aux mots. C’est dans cet invisible que réside sa force : dans cette part de mystère qui touche sans qu’on sache toujours pourquoi.

C’est exactement ces moments de “disruptionque je recherche dans le design. Quand un détail chahute, dérange, interpelle. Quand quelque chose nous saisit sans que l’on puisse l’expliquer. C’est là que le design devient vivant !

J’ai lu cette phrase il y a des années, et elle résonne toujours aussi fort en moi : “Le poète au service du design doit affuter ses connaissances de l’humain, de ses émotions et de son imaginaire” (impossible de retrouver son auteur).
Je crois sincèrement que le designer doit apprendre à écouter cette dimension sensible. Car l’intime peut devenir/est un véritable moteur de création : fragile, étrange et infiniment puissant. Je ne parle pas de créer avec sa vision personnelle, mais de s’inspirer de l’intime pour créer le lien vers l’autre.

Après tout, on ne connaît vraiment que ce que l’on re-connaît, non ?

Reconnaître pour mieux se rencontrer

Créer, c’est puiser dans cette mémoire collective, dans ces émotions partagées qui résonnent en chacun. C’est ce qui permet au destinataire de s’identifier, de se sentir partie prenante du projet. Et quoi de plus stimulant que de sentir qu’on nous parle directement ?

Car un design n’existe jamais seul. Qu’il s’agisse d’une invitation ou d’une identité visuelle, il vit à travers celui ou celle qui le reçoit. Sans le destinataire — pas le commanditaire mais bien la personne à qui le projet est destinée (invité, le spectateur, futur.e client.e) — le projet reste inachevé.
C’est dans la rencontre que tout prend sens ! Le design n’est jamais une vérité unique, mais une vibration partagée.
Et c’est pour ça que :

Il n’y a rien de plus étrange que le design.

Et c’est précisément cette étrangeté qui fait sa beauté.
Chaque création est une invitation à voir autrement. À célébrer ce qui déroute, ce qui surprend, ce qui touche.

Parce que le design, tous comme les gens, est sensible, étrange mais toujours mémorable. 🌙

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